La gare me regarde de ses gros yeux.
En ses orbites les phares des trains
Me font des clins d’œil lumineux.
D’un coup, un message se lance…
Doucement, wagon par wagon, il prend de la vitesse.
Puis un autre, à contresens, semble moins se presser.
En chacun se mêlent les messagers voyageurs.
De passage, ils nourrissent la gare de leurs chimères.
Leurs humeurs s’enchevêtrent dans les allées,
Les couloirs, les halls, les quais et autres tunnels du bâtiment.
Labyrinthe de joies, de colères, de silence et d’impatience.
Indifférence de la gare en son silence.
Un centre vital parmi d’autres,
Pour la circulation de la ville et ses messages.
Tentacules ferrés unissent autant qu’ils dissèquent
Nos sens et nos contrées.
C’est sur le fil que l’on voit loin,
Sur les crêtes solitaires ou les fauteuils sommaires du voyage.
On rencontre l’Autre au hasard, on s’approche et on se quitte…
Union disparate des voyageurs, partout chez eux, en chemin…
Comme l’Homme ici-bas, partout chez lui, de passage.
Le silence s’impose avec la nuit, la gare est au repos.
D’ici, je n’entends plus rien des quelques messagers perdus,
Leurs échos ne me parviennent plus.
Je les imagine las sur un quai qui ne mène plus nulle part.
Il leur faut désormais attendre l’aube.
Souhaitons-leur que la nuit soit courte cette fois-ci.
Ni trop froide ni trop hostile, pourvu qu’elle soit animée.
Qui sait, peut-être un voyageur se sera-t-il perdu,
A dessein en leur tristesse ?
Lui, saura leur montrer le chemin du train caché
Et la richesse de ses mystères.
Ce train s’envole à chaque instant depuis toutes les gares
Et depuis chaque point de l’univers.
Les lumières du jour voilent sa présence
Et la nuit prétend à son absence.
En équilibre, il brille par son évidence.
ML (2015)