L’Arbre Poète

L’arbre est le poète millénaire,

Qui s’élance discret,

Dans le calme de ses mystères.

Il parle le langage de la Terre

Et dispense son amour

Par l’essence de sa présence.

 

L’arbre est le mage lunaire

Qui transpire sans cesse

Son amoureuse colère.

Il parle la langue des oiseaux,

Qui s’élèvent à chaque instant

En symbiose avec les éléments.

 

L’arbre est le sage étrange,

Dont les racines plongent

Au plus profond de nos mémoires.

Il parle à travers le temps

Et ses alliés s’appellent

La mer, le feu et le vent:

Dans ses songes il réveille

Le tremblement des terres

Et les flammes des volcans.

 

L’arbre est l’ami solitaire,

Qui se lasse de nos aveuglements;

Une dynamique primaire

Cache la forêt des sacrements.

Il parle en silences d’amour

Et ses lumières uniques

Accordent nos âmes à l’instant.

Air d’orage

Air d’orage

Un orage me traverse,

Me déchire de ses rayons,

Mais une abondante averse

Succède à toute question.

Lorsqu’un air trop lourd me lasse

Et me pousse au délassement ;

Le temps domine l’espace,

Où dérivent mes sentiments.

Me déchargeant de l’écume

En des vagues lumineuses,

Traversant à coups de plume

La mer des pages rieuses.

Les brumes et la grisaille

De ces troubles et vaines humeurs

S’effacent dans les failles

Ensoleillées de mon cœur.

Printemps

Printemps

Perte de l’esprit en
Ces étranges contrées ;
La porte de la vie,
En mélanges d’idées.

La guêpe dévoile le miel
De plantes sans trésor ;
L’abeille butine le fiel
Et porte réconfort.

Les lianes se tressent en la forêt
Si voluptueuse qui noie les peurs ;
Dans un printemps fleurissent leurs effets,
Portés par de tendres vers de frayeur.

Lettres d’Or

Lettres d’Or

Ecrire sur la Nature,

Viser les lettres de son Or ;

Se contenter de ratures

Et se jouer de son décor.

Une lourde plume

Ne peut faire éclore

Les légères brumes

Qui offrent des trésors.

Mon encre pâle s’immisce

Dans les mailles d’une toile ;

La rosée se fait complice

De ce piège d’étoiles.

Dans leur danse les araignées

Filent, s’accordent aux lueurs ;

Alors que je perds mon épée,

Cette vaine ancre de malheur.

Attaché à mes mots,

Voler à la beauté :

Ce piège de voir si haut,

Quand joue la gravité.

Pâles ombres et forts reflets

Créent le délicat dégradé ;

Ma plume ne donne qu’un fait :

Douce poésie de l’été.

Eternelle lutte des sens,

Enfin transpirer leurs dires,

Pour tendre à la clairvoyance,

Que la mère nous inspire.

La platitude des pages,

Frappante face aux reliefs

Si riches des paysages

Elancés en leurs airs de nefs.

Piège du cocon

D’être terre à terre,

Noyé dans l’horizon,

Prétends m’en défaire.

Mais un indicible poison

Tue et ruine mes espoirs

De fol insecte de raison,

Contenté de seulement voir.

Le combat semble bien vain,

Mon expression détruit

La plénitude de l’airain

Inexplicable de ces vies.



Y’a une Terre…

Y’a une Terre…

Y’a des fleurs, qui

Brûlent au soleil

Et des senteurs, qui

Empestent au réveil.

Y’a trop de bouleaux,

Qui crèvent en forêt.

Y’a quelques oiseaux,

Qui rêvent en un trait.

Y’a la belle Nature,

Qui pousse ses cris.

Y’a tous ces mauvais charmeurs,

Qui moquent la vie.

Y’a des Hommes dans un pré,

Qui fument leur douleur.

Y’a des Etres égarés,

Qui se noient dans l’erreur.

Y’a des saisons, rappelant

Quelque renouveau.

Y’a des âmes n’attendant,

Qu’un envol d’oiseau.

Y’a un noir château,

Qui marque ses ombres ;

Y’a de durs barreaux,

Qui masquent les arbres.

Y’a des rumeurs,

Qui noient la clarté,

Portant des couleurs

Pâles au coucher.

Tempête

Tempête

L’air teinté de bruine sent bon,

Mes poumons s’en gargarisent ;

Le ciel d’un coup me répond,

D’une violente brise.

La nuit ainsi se réveille

Et accueille la tempête.

L’orage éclaire mon éveil

D’une séduisante fête.