Ce Qui Nous Lie

Il faut aimer ce qui nous lie
Et comprendre ce qui nous sépare.
Nous émanons du même Infini,
Chacun différent dès le départ.
Nous sommes des entièretés
D’une complexité extrême.
Impossible en cela de juger
Sans se tromper soi-même.
Les lois sont nécessaires
A la Cité sans sagesse,
Mais elles sont transitoires
Pour tendre à la justesse.
Sans pardon,
La justice est illusion.
Pardonner à la Vie, à la Mort,
A l’absurde de notre condition.
Ouvrir notre âme à l’Amour
Et se laisser inonder par le pardon.
Eveil de l’Intelligence,
En-deçà de l’illusion.
Nous savons tout par essence,
Mais le Néant habite nos passions.
On prétend contrôler l’Impermanent
Au lieu d’en vivre la Vision.
Aussi ne peut-on s’empêcher
De tout séparer, peser, couper,
Mesurer, délimiter, juger…
Mais la seule âme que nous puissions peser
Est la nôtre.
A nous d’y accéder,
De nous ouvrir à l’Autre
Pour être enfin habités
Par la conscience de Soi.
Il faut aimer ce qui nous lie
Pour tisser nos consciences,
Pardonner ce que l’on n’a pas compris
Pur embrasser la délivrance.

ML (2023)

La Danse de l’Infini

Je danse au cœur de l’infini,
A travers les maillages du Grand Esprit.
Pèlerin de l’invisible,
Je virevolte dans le vide.
La danse inconnue,
Impossible en nos contrées ;
Seule la transe du vécu
Nous pose à sa portée.
Au dehors,
La musique faiblit…
Elle devient songe
Chez les âmes assoupies.
Chut…
La voilà qui s’efface…
Chut…
Un ange passe…
Et la voilà qui revient…
Respiration,
Marée de l’Infini
Aux embruns de Vie :
Le sel de son absence
Brûle nos blessures.
L’eau de ses silences
Guérit nos démesures.
Enfin, j’entends son retour,
Un Tsunami de Joie et de destruction.
Je vois l’effroi et la célébration,
La Mort et le renouveau.
Je vois le Nouveau accompli,
Le vin de nos désirs profonds.
Je bois à la fontaine des avenirs
L’eau des sources d’Amour.
Je danse rajeuni,
Assagi par le ressac.
Je rends grâce à la pluie,
Au sang de la Vie.
La sécheresse menace,
La Mort nous traque.
L’eau est précieuse,
Elle coule en nos consciences.
La danse est nécessaire
Pour ne pas sombrer dans la violence.

ML(2023)

Dernier Texte

Un dernier texte pour la route,
Un dernier texte avant la déroute.
J’ai mon assurance-mort,
Un véritable trésor.
Je ne rêve pas d’immortalité,
Il est trop de Joie en mon Eté.
Aussi je sens déjà mon corps faner,
En voie de nourrir l’humus des âges.
Oui, ici je suis de passage.
Il faut être ivre de vie
Pour pardonner à la mort,
Se moquer de tous les avis
Qui brident notre essor.
Mourir à chaque moment passé
Pour prendre le chemin d’éternité.
Un dernier texte pour tout dire.
Je suis, j’aime, et de je dis merci.
Oui, à la Vie,
Oui à la Source qui m’anime.
Au-delà des mots,
Au-delà du mime,
Je suis, tu es, nous sommes…
A nous d’écouter, de vivre,
A nous d’Être en somme…

ML (2022)

L’Antidote

Vivre ivre de beauté,
Vivre libre au sein du manifesté.
Transmuter les ombres en lumières,
Catalyser les ondes de matière.
Vivre épris de bonté,
Vivre à l’abri des poisons de l’âme.
Forger son armure de Vie,
Perméable à l’infini,
Mais qui résiste aux démons de l’envie.

La fin est au coin de la rue.
Comment ne l’a-t-on pas plus vite aperçue et combattue ?
L’avons-nous seulement souhaité ?
Pourquoi se complaire dans la médiocrité,
La division et la vanité ?
Pourquoi tant d’esprits résignés ?
Survie de l’espèce, ironie amère…
Abandonnés à nous-même,
A notre bêtise et à notre génie,
A l’amour et à la démesure…
Sur le fil se joue notre futur.
Parfois je le vois qui court,
D’autres jours je ne vois que la nuit.
En tout je vois l’Amour originel :
Le seul antidote à tous les poisons,
Le seul remède à la destruction.

ML (2019)

Signes des Temps

Percevoir les signes des Temps,
Au-delà des rancœurs et de la colère.
Affirmer que nous sommes vivants,
Réconcilier les hémisphères :
Gauche, droit, Nord, Sud, une seule humanité.
La conscience doit s’embraser
Si l’on souhaite survivre.
Ce qui se joue sous nos yeux lassés
Est la fin des anciens équilibres.
La roue a tourné,
Et c’est dans nos cœurs qu’il nous faut regarder.
L’idée peut encore sembler idiote ou naïve,
C’est dire le chemin qu’il reste à parcourir.
Âge des tempêtes, fin de la fête et de l’insouciance.
La Mort manifeste sa présence.
Notre faute, nous l’avions oubliée dans notre âge du futile.
C’est pourtant à la lumière de sa Vérité
Qu’il nous est donné de vivre en équilibre.
S’imprégner d’Amour,
Le vivre et le cultiver,
Le sentir et le partager.
Tous solitaires et solidaires.
Solitaires pour l’essentiel, chemin intérieur de l’éveil.
Solidaires en notre destin d’espèce dotée de conscience.
A quand la fin de l’arrogance ?
Seul l’humble peut écouter le silence
Lui délivrer les secrets de l’existence.
Nous sommes pétris de Néant et d’Infini,
Choisis ton camp mon ami !
L’intuition est le guide vers l’équilibre et la transcendance.
Faire la paix avec la Mort, la dépasser par essence…
La Source créatrice jaillit dans les âmes inspirées,
Panse les blessures,
Délivre sa mesure et ses diamants de Joie,
Scintillants même dans l’effroi.
Percevoir les signes des Temps,
Pour prendre le parti de la Vie et de l’Esprit.
Même face à face, nous sommes dans la même équipe.
La diversité encourage la libre altérité.
Côte à côte, prompts à sombrer dans la pensée paresseuse.
On encourage trop volontiers les aveuglements que l’on partage.
C’est seul à seul que l’on perçoit les présages,
Les messages distillés par l’univers à travers nos consciences.
Tous ensemble pour encourager l’altérité,
Seul à seul pour vivre l’Unité.
L’hubris n’est pas compatible avec la survie.
Il nous faut changer ou périr,
Tisser en conscience nos liens à la totalité.
Le vain ne sera pas pardonné.

ML (2018)