Lettres d’Or
Ecrire sur la Nature,
Viser les lettres de son Or ;
Se contenter de ratures
Et se jouer de son décor.
Une lourde plume
Ne peut faire éclore
Les légères brumes
Qui offrent des trésors.
Mon encre pâle s’immisce
Dans les mailles d’une toile ;
La rosée se fait complice
De ce piège d’étoiles.
Dans leur danse les araignées
Filent, s’accordent aux lueurs ;
Alors que je perds mon épée,
Cette vaine ancre de malheur.
Attaché à mes mots,
Voler à la beauté :
Ce piège de voir si haut,
Quand joue la gravité.
Pâles ombres et forts reflets
Créent le délicat dégradé ;
Ma plume ne donne qu’un fait :
Douce poésie de l’été.
Eternelle lutte des sens,
Enfin transpirer leurs dires,
Pour tendre à la clairvoyance,
Que la mère nous inspire.
La platitude des pages,
Frappante face aux reliefs
Si riches des paysages
Elancés en leurs airs de nefs.
Piège du cocon
D’être terre à terre,
Noyé dans l’horizon,
Prétends m’en défaire.
Mais un indicible poison
Tue et ruine mes espoirs
De fol insecte de raison,
Contenté de seulement voir.
Le combat semble bien vain,
Mon expression détruit
La plénitude de l’airain
Inexplicable de ces vies.