Libres d’être conditionnés,
De choisir entre A et B.
Libres d’oublier
Les chaînes dérisoires
Qui entravent notre marche funèbre.
Idéal inachevé d’une liberté essoufflée,
Subvertie en ses symboles,
De même qu’en nos aspirations.
Libres de dominer autrui
Pour s’acheter l’inutile de dernier cri.
Libres de produire des monstres
Qui enveniment les esprits :
Rapaces à l’affût de la moindre peur,
A l’écoute des frustrations,
Fervents guerriers de l’ignorance.
Libres de nous soumettre
A la raison et aux passions
Par un même aveuglement,
Au lieu de les sublimer
Par la mission de l’âme,
Par la chanson des profondeurs,
Le hurlement qui traverse la matière,
Animant les dessous de nos destins.
Tous égaux face à l’abîme,
Tous égaux sur les cimes de la conscience.
Dans la boue comme sur les sommets,
On voit la même chose.
Mais il ne faudrait pas respirer la boue,
Pas plus que l’on cherche à planter l’amour
Sur les pointes solitaires.
On reçoit sur les hauteurs
Ce que l’on diffuse dans le limon de l’existence.
Tous égaux, mais si différents.
Penser l’équilibre implique l’équité,
L’égalité n’est pas faite pour la contrée des multiples.
Seul l’effacement dans l’Un produit l’improbable miracle.
Tous inégaux et magnifiques,
Expressions uniques au service de la Vie.
Savoir en reconnaître les messages,
Percevoir le sens de nos trajectoires.
Fraternels, poussés par le même appel.
Coopération nécessaire à l’Odyssée,
Tensions de l’espèce qui se cherche.
La fin de l’enfance pour l’humanité,
Il n’y a plus qu’à franchir le pas.
Tous ensemble, à travers chacune de nos voix.
On vote avant tout à travers nos rêves,
Nos prières et nos projections.
Le reste n’est que manipulation, compromission,
Ou coopération en conscience.
Chaque jour intégrer les déséquilibres,
Embrasser la paix et ses vertiges.
Conserver à chaque frère et sœur
Leur droit à l’altérité, à la confiance et au respect.
Fraternité que l’on manipule,
Tantôt réduite en groupuscules
Montés les uns contre les autres
Pour mieux masquer la guerre qui gronde.
Les démons de l’ego ont empoisonné les esprits,
Les possédants possédés menacent la Vie.
La majorité entretient le subtil poison
De ses peurs, de ses haines et de ses divisions,
Alors que l’avarice de l’un coûte la vie de millions,
Histoire écrite par les vainqueurs
Pour les vaincus du combat sémantique.
Le combat continue
Et le Verbe souffle les proses indues.
Il suggère à l’entente la mission de l’espèce,
Le sens de son Odyssée :
Transcender les limites de sapiens en manque de sapience
Pour qu’émerge enfin une Humanité en phase avec son essence.
ML (2017)